LA COMMISSION de Bruxelles va
renouveler en mai l'autorisation de commercialisation du
Fipronil dans l'Union européenne. Cette substance
insecticide avait été interdite en France en
avril 2005, les apiculteurs l'accusant depuis plusieurs
années de décimer les abeilles. Produit par
BASF, le Fipronil entre dans la fabrication des semences
enrobées de maïs et de tournesol,
commercialisées sous le nom de Régent.
L'Imidaclopride, produit actif du Gaucho (Bayer), autre
pesticide accusé de tuer les abeilles, sera
examiné plus tard par les instances
européennes.
C'est un communiqué de BASF
publié hier matin qui a vendu la mèche et
contraint Bruxelles à annoncer la décision des
experts européens du Comité permanent pour la
chaîne alimentaire et la santé animale.
L'information a été alors confirmée :
le comité a décidé l'autorisation le 16
mars dernier, après examen des avis de l'Efsa
(Autorité ? européenne de
sécurité des aliments) transmis l'an
dernier.
La décision devrait être
approuvée en mai et le Fipronil sera
intégré à la liste des substances
autorisées qui doit être publiée le 1er
octobre 2007. Les différents États auront
alors six mois pour mettre leur législation en
conformité avec les décisions de la
Commission. Il faut néanmoins souligner que
l'autorisation s'applique à la substance, mais pas
systématiquement aux produits qui la contiennent. On
peut donc s'attendre en France à ce que la
polémique ne soit pas réellement
terminée.
Face à l'incertitude sur les
intentions des futures autorités françaises,
BASF a la victoire modeste. « Fondée sur un
examen scientifique et au terme d'une procédure
rigoureuse, [la décision d'autorisation] apporte une
nouvelle preuve de l'innocuité du produit pour
l'environnement, pour le consommateur et pour l'agriculteur.
Elle confirme les conclusions de l'Afssa (Agence
française de sécurité sanitaire des
aliments, NDLR) en 2005 sur l'absence de risques pour la
santé humaine et les nombreuses études
multifactorielles sur les causes du
dépérissement des abeilles, menées en
France comme dans d'autres pays européens. (...) Le
Fipronil et le Régent TS ne peuvent être tenus
pour responsables des mortalités d'abeilles. BASF
entend poursuivre ses efforts pour un dialogue authentique
avec tous les acteurs. » BASF finance actuellement une
opération de jachères fleuries
destinées à apporter du nectar et du pollen
aux abeilles dans les milieux d'agriculture
intensive.
Restrictions
L'autorisation est assortie de plusieurs
restrictions et exigences. D'abord, le Fipronil sera
autorisé uniquement pour le traitement des semences,
un conditionnement que les apiculteurs accusent justement de
tous les maux. Les techniques d'enrobage devront être
améliorées afin d'éviter toute
diffusion par les poussières (il y avait eu un
incident lors d'un conditionnement réalisé par
Syngenta dans le Sud-Ouest). Les pulvérisations
seront interdites et l'enfouissement des semences
enrobées au moment du semis devra être parfait
afin d'éviter que les oiseaux puissent les picorer.
Les semences enrobées ne devront pas non plus pouvoir
se retrouver dans les rivières et toutes autres eaux
de surface, sa toxicité ayant été
démontrée chez certains organismes
aquatiques.
Le risque abeilles a été
pris en compte, assure-t-on à Bruxelles. L'avis de
l'Efsa avait toutefois insisté sur le fait que
l'impact du Fipronil sur le couvain (les larves dans la
ruche) n'avait pas été encore suffisamment
étudié. C'est pour cette raison que le
Comité permanent pour la chaîne alimentaire et
la santé animale a ajouté une annexe à
son autorisation qui précise que si des études
apportaient de nouvelles informations, l'autorisation
pourrait être remise en cause.
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