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maj18fev 08

Le mystère de la disparition des abeilles reste entier

 

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    Ce n'est pas la solution définitive au mystère des disparitions d'abeilles, mais une "brique supplémentaire" dans la connaissance du phénomène, selon Philippe Vannier, directeur de la santé animale à l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa). L'Afssa a publié, vendredi 15 février, les résultats d'une étude menée pendant trois ans sur 120 colonies d'abeilles, réparties dans cinq départements (Eure, Gard, Gers, Indre et Yonne). L'objectif était de tenter de quantifier et d'expliquer les importantes mortalités d'abeilles signalées par de nombreux apiculteurs depuis le milieu des années 1990.

     

    Plusieurs causes peuvent être envisagées : maladies, parasites, mauvaises pratiques apicoles ou exposition aux pesticides - les abeilles manquant d'enzymes de détoxication. L'usage de l'insecticide Gaucho, incriminé par les apiculteurs, est suspendu depuis 1999 sur le tournesol et depuis 2004 sur le maïs. Le Régent (fipronil), également suspecté, est suspendu depuis 2004.

    Les ruches ont été visitées quatre fois par an entre 2002 et 2005. Or, aucun effondrement de population n'a été constaté. La mortalité est restée inférieure à 10 %, un taux jugé normal. Elle découlerait des maladies ou des parasites. Une affection comme la loque a causé une disparition rapide des colonies touchées. La mort a été différée quand le parasite Varroa destructor, a été repéré dans la ruche.

    Selon l'Afssa, les pratiques apicoles sont déterminantes. Même s'ils savaient qu'un biais serait introduit dans leur étude, les scientifiques ont choisi de conseiller les apiculteurs sur les traitements à suivre, en particulier pour éradiquer le Varroa, ce qui pourrait expliquer la faible mortalité constatée.

    Dans le même temps, l'étude met en évidence la présence de nombreux pesticides dans les ruches, à des doses extrêmement faibles. Au total, 41 molécules chimiques été ont recherchées, dont le fipronil et l'imidaclopride, la molécule active du Gaucho. Aucune relation statistique significative entre la présence de résidus et les mortalités n'a été mise en évidence.

    Des échantillons d'abeilles, de cire, de pollen et de miel ont été analysés. Ils ont été considérés comme positifs quand la valeur dépassait la limite de détection. Parmi les échantillons de pollen analysés, 57,3 % ont dépassé la limite de détection pour l'imidaclopride. Les échantillons positifs contenaient en moyenne 0,92 microgrammes par kg (1 microgramme égale 0,000 000 001 kilo). 29,7 % des échantillons de miel contenaient de l'imidaclopride, à hauteur en moyenne de 0,73 microgramme par kg. 26,2 % des abeilles analysées en contenaient également.

    "ELÉMENTS OBJECTIFS"

    D'autres pesticides ont été détectés. Parmi eux, le fipronil (12,4 % des échantillons de pollen) ou le lindane, pourtant interdit. Le coumaphos a aussi été repéré (dans 8,5 % des échantillons de miel, et 4,6 % des abeilles). Cet acaricide est utilisé par les apiculteurs pour lutter contre le Varroa, dans des quantités trop importantes, estime l'Afssa, qui y voit une explication possible de l'affaiblissement des reines rapporté par les apiculteurs.

    Pour Philippe Vannier, ces résultats ne peuvent être extrapolés et ne permettent pas de trancher sur l'impact des pesticides présents dans l'environnement sur la santé des abeilles, ou sur les éventuelles synergies entre pesticides et maladies. "Ils n'ont de valeur que pour l'échantillon considéré, qui est faible, affirme le scientifique. Mais (l'étude) apporte des éléments objectifs et précis dans un dossier où ils font défaut."

    Gaëlle Dupont

     

     

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