Les deux
frères n'insistèrent pas d'avantage
et poursuivirent leur route.
Ils
trouvèrent alors une ruche nichée
dans un tronc d'arbre, d'où
s'écoulait un ruisseau de miel. Les deux
grands frères se dirent qu'ils allaient
enfumer les abeilles afin de leur prendre leur
miel ; mais le plus
jeune haussa une nouvelle fois la voie :
- laissez ces petites
bêtes tranquilles, elles ne vous ont rien
fait !
Les deux frères se
regardèrent sans un mot et partirent sans
mettre leur projet à
exécution.
Le soir même les trois
frères s'arrêta dans un château
qui avait l'air abandonné. En
réalité tous ses occupants avaient
été transformés en statue de
pierre. Le roi, la reine et la princesse, les
gentilshommes et les dames, les gardes, mitrons et
valets et jusqu'au chevaux dans l'écurie et
les poules dans la basse-cour, tous se tenaient
immobile, le geste arrêté, comme s'ils
avaient été surpris par une
coulée de lave.
Les trois explorèrent,
une par une, toutes les pièces du
château. Dans la dernière se trouvait
une table magnifiquement servie, couverte de mets
succulent et en abondance. Comme il avait grand
faim, ils burent et mangèrent jusqu'à
satiété. Lorsqu'ils eurent
terminé, ils remarquèrent un
parchemin posé sur le mur et sur lequel il
était écrit :
" Ce château a
été enchanté par une mauvaise
sorcière. Pour lever l'enchantement, il
suffit de s'acquitter de trois tâches dans la
même journée : il faut trouver dans la
forêt, enfoui dans la terre et la mousse, les
perles tombées de la princesse et qui sont
au nombre de milles ; il faut ensuite
repêcher la clé de la chambre de la
princesse qui est tombé au fond du lac ; il
faut enfin désigner, d'entre les trois
jeunes filles endormies de la chambre, la fille du
roi. Celui qui y parviendra l'épousera. Mais
ceux qui y échoueront seront
transformés en statue de charbon "
A la lecture de cet
énoncé les trois frères
songèrent que l'heure de leur chance avait
sonné.
Dès le lendemain matin,
l'aîné partit dans la forêt
chercher les perles de la princesse. Mais à
midi ; il n'en avait pas trouvé une seule,
et le soir le surpris bredouille. Il fût
aussitôt transformé en statue de
charbon.
Le jour suivant ce fût au
second des frères, d'affronter les trois
épreuves. Mais pas plus que sont
aînés il ne vint au bout de la
première. Lui aussi fût
transformé en statue de charbon.
Le troisième jour vint le
jour du Benêt. Il se rendit dans la
forêt, où
désespéré par la
difficulté de l'épreuve, il s'assit
contre un tronc d'arbre et se mit à
pleurer.
Tout à coup il sentit la
mousse qui frémissait à ses pieds,
devant lui. De terre surgit le roi des fourmis
accompagné de mille fourmis qui chacune
portaient les perles du collier de la
princesse.
Le Benêt mis les perles
dans la poche et se dirigea vers le lac.
Aussitôt en sortie, le prince des canards,
qui tenait dans son bec la clé qui ouvrait
la chambre de la princesse.
Le Benêt trouva la chambre
et l'ouvrit.
A l'intérieur, il y'avait
trois lits et sur chacun des lits, une jeune fille.
Toutes trois étaient également jolies
et belles, impossible à
départager.
Un parchemin précisait
toutefois que l'une des jeunes filles avait
mangé du sucre candi, la deuxième
avait bu un peu de sirop tandis que la princesse
héritière avait goûté
une cuillère de miel.
Alors le Benêt ouvra la
fenêtre par laquelle entra la reine des
abeilles qui bourdonna un moment autour des bouches
des jeunes filles avant de se poser sur les
lèvres de l'une d'entres-elles, celle qui
avait mangé du miel.
Le Benêt posa à son
tour ses lèvres sur les lèvres
sucrées et la princesse
s'éveilla.
Elle lui sourit et il
l'épousa.
E c'est ainsi que le
château fût
désenchanté.
Tous ses habitants reprirent vie
et se remirent à bouger.
Même les deux
frères transformés en charbon qui
épousèrent à leur tour la
jeune fille au sucre de candi et celle au
goût de sirop.