aout 2006 

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SECHERESSE 2006

et PRODUCTION de MIEL en BAISSE

 

Source : AFP sur le site web-agri.fr , agrisalon.com

Miel - Récolte "catastrophique" pour les apiculteurs du sud de la France

( Publié le 21/08/2006 à : 09H 30 min )

Pollens grillés, fleurs séchées, nectar évaporé: pour les abeilles butinant la lavande dans le sud de la France, l'été 2006 marqué par sécheresse et canicule, est synonyme de disette et pour leurs apiculteurs, de catastrophe.

"Cette année, en raison des conditions climatiques, la récolte de miel de lavande et lavandin sera la plus catastrophique que nous ayons jamais connu dans la région Paca", constate Bernard Oza, apiculteur et président de la coopérative Agricole Provence Miel, implantée à la Roque d'Anthéron (Bouches-du-Rhône). "Elle sera même plus mauvaise que celle de 2003 qui avait été particulièrement noire pour les 4.000 apiculteurs du sud de la France", ajoute-t-il. "Cette année, ma récolte de miel atteindra 600 kilos contre 6 tonnes pour une année passable et plus de 10 tonnes pour une bonne année. Il n'est donc pas question d'exporter un gramme de notre miel, prisé par les Allemands et les Belges", déplore M.Oza. Les autres apiculteurs de la coopérative -10% de la production de la région Provence-Alpes-Côte-d'Azur- sont dans la même situation: en 2002, ils avaient récolté 160 tonnes de miel, un an plus tard 50 t et, en 2006, elle devrait difficilement atteindre les 35 t.

 

Après trois ans d'une sécheresse sévère, l'été 2006, sans aucune goutte de de pluie, a porté le coup de grâce à la culture de la lavande. "Il n'y avait plus de lavande sur pied le 10 juillet. Ils étaient tous grillés. Les abeilles n'ont eu de que deux ou trois jours pour butiner un maigre nectar contre trois semaines en temps normal", explique M. Oza. Pour le miel "Toutes fleurs de Provence" bénéficiant d'une IGP (indication géographique protégée), la situation n'est guère plus brillante, avec une récolte divisée par deux: 50 tonnes contre 100 normalement. Même si la quasi-totalité de la France a été confrontée en juillet à la canicule, certaines régions productrices vont tirer leur épingle du jeu. Depuis deux à trois ans la récolte d'acacia est bonne, notamment dans le Gâtinais réputé pour ce miel, note Jacques Goût qui anime le musée de l'apiculture, à Châteaurenard dans le Loiret. La récolte de tilleul, spécialité du nord de la France, s'annonce également "honorable".

Pour le tournesol --40% de la production globale de miel en France-- la situation est contrastée. "Elle est bonne dans le Sud-Ouest mais s'annonce plutôt faible dans l'Ouest (Charente et Deux-Sèvres). "Quant au colza, la miellée est mauvaise", annonce Bernard Saubot, responsable de la maison Bernard Michaud, premier conditionneur de miel en France. Sécheresse ou non, la production de miel ne cesse de diminuer en France, un des principaux pays producteurs européens avec l'Espagne et l'Italie, la récolte étant passée de 32.000 tonnes en 1995 à 25.500 tonnes en 2004, selon un audit réalisé par l'Oniflhor.

La mortalité des abeilles imputée au Gaucho, insecticide pour le maïs et le tournesol, expliquerait l'hécatombe, selon des apiculteurs. "Mais dans les régions où ces plantes ne sont pas cultivées, les abeilles meurent également", constate M. Goût. "Pour l'instant, la situation semble s'être stabilisée dans les ruches", ajoute néanmoins ce professionnel. En 2004, la France comptait de 1,35 million de ruches, chiffre stable sur dix, et 69.230 apiculteurs contre plus de 84.000 dix ans plus tôt, selon l'Oniflhor. Pour satisfaire la consommation français annuelle, de l'ordre de 40.000 tonnes, la France importe du miel d'Espagne, de Hongrie, du Mexique, d'Argentine et du Canada (pour le trèfle), dont une partie est conditionnée et réexportée vers une quarantaine de pays.

 

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Source : LE MONDE article librement accessible

 

Malgré l'interdiction du Régent et du Gaucho, les populations d'abeilles ont diminué

Malgré l'interdiction du Régent et du Gaucho, les populations d'abeilles ont diminué

LE MONDE | 29.08.06 | 15h16 • Mis à jour le 29.08.06 | 15h16

Une fois encore, la récolte de miel sera maigre. La sécheresse qui a touché une grande partie de la France, en juillet, et s'est a continué dans le Sud et sur la façade atlantique est en cause. Les fleurs, privées d'eau et grillées par le soleil, n'ont pas produit assez de nectar et de pollen pour rassasier les abeilles.

 

Chiffres

Ruches. On en dénombre plus d'un million en France. L'apiculture est pratiquée par de nombreux amateurs et petits producteurs. Il existe 70 000 apiculteurs, dont 92 % possèdent moins de 30 ruches. L'éclatement de la profession rend difficile l'obtention de chiffres fiables sur la production de miel ou les mortalités d'abeilles.

Production. En 2004, de 20 000 à 30 000 t ont été produites en France. Mais 12 000 t de miel de Chine, de Hongrie, d'Allemagne et des pays d'Amérique latine ont été importées. 50 % de la production est commercialisée dans les marchés ou par vente directe.

Les récoltes de miel de lavande, de sapin et de châtaignier sont particulièrement minces. Pour les miels de tournesol et de colza, la situation varie en fonction des apports en eau sur les champs. Selon France Miel, l'unique coopérative nationale, qui commercialise environ 15 % de la production, "2006 est une petite année parmi les petites années". La production commercialisée par l'entreprise devrait atteindre 1 300 tonnes, contre 1 400 tonnes écoulées chaque année depuis cinq ans. Et 1 800 tonnes auparavant.

Le regain attendu par les apiculteurs depuis la suspension de l'usage des pesticides Gaucho et Régent, accusés de décimer les abeilles, n'est donc pas au rendez-vous. L'usage du Gaucho est suspendu depuis 1999 sur le tournesol et depuis 2004 sur le maïs, et celui du Régent depuis 2004 sur toutes les cultures.

Les mortalités d'abeilles observées pendant les deux derniers hivers confirment la persistance de difficultés. Des mortalités "importantes", soit jusqu'à 70 % des populations perdues localement, ont été signalées à la fin de l'hiver à Michel Béraud, président du Syndicat des producteurs de miel de France (SPMF).

Du côté de l'Union nationale des apiculteurs de France (UNAF), fer de lance du combat contre les pesticides, Henri Clément avance une évaluation de "20 % à 25 % de pertes cet hiver, contre 5 % à 8 % une année normale, et 30 % à 40 % avant la suspension du Gaucho et du Régent".

Selon M. Clément, ces mortalités surviennent dans des régions où elles n'avaient pas été observées auparavant. Pour le syndicaliste, le retrait des deux produits a donc des conséquences positives. Mais elles sont contrebalancées par des difficultés liées aux aléas climatiques. Les sécheresses à répétition affectent la vitalité des colonies, selon M. Clément. La rudesse de l'hiver 2005-2006 est aussi tenue pour responsable de mortalités. "Nous avons eu quarante jours de gelées consécutives, explique Jean-Michel Lebrun, responsable des relations avec les adhérents chez France Miel. Quand les abeilles ne peuvent pas sortir trop longtemps à cause du froid, elles développent des maladies dans la ruche. Le Gaucho et le Régent n'ont jamais été les seuls problèmes de l'apiculture, et nous connaissons aujourd'hui davantage de problèmes climatiques que la moyenne."

De multiples causes peuvent en effet expliquer les mortalités. L'appauvrissement de la biodiversité joue un rôle majeur. " Les surfaces de prairies à base de légumineuses ont été divisées par cinq depuis 1970, explique Philippe Lecompte, apiculteur et fondateur du réseau Jachères apicoles. Les fleurs ne sont donc pas forcément présentes dans l'environnement quand les abeilles en ont besoin." Moins de fleurs des champs, moins de bordures de forêts ou de routes, moins de haies...

Cet "appauvrissement massif des ressources", conséquence de l'intensification agricole mais aussi de la politique des directions départementales de l'équipement qui désherbent les bords des routes, entraîne une réduction de l'espérance de vie, et facilite le développement de pathologies.

L'Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa) met en relief le rôle d'un autre facteur dans une note baptisée "Recherches sur les mortalités d'abeilles et prévention des risques liés aux insecticides". Il s'agit du varroa, un parasite, "un tueur encore trop sous-estimé en France". Présent depuis les années 1980, "il continue à faire des siennes, et sa présence n'est pas forcément repérable immédiatement par les apiculteurs", relève Michel Aubert, directeur du laboratoire sur la pathologie des petits ruminants et des abeilles de l'Afssa.

Depuis 2003, l'agence mène, sur 25 ruches dispersées dans cinq départements, une étude multifactorielle sur les mortalités d'abeilles dont les conclusions, très attendues, doivent prochainement être rendues publiques. "Nous n'avons constaté aucun effondrement de colonies dans les ruchers suivis, note M. Aubert, qui précise que les chercheurs de l'Afssa ont conseillé les apiculteurs en matière sanitaire.

Dans leur récente note, l'équipe de l'Afssa écrivait : "En matière de Gaucho, nous nous trouvons dans une zone incertaine, mais malgré la forte toxicité du produit et de ses dérivés pour les abeilles (...) un impact néfaste de ce produit sur le terrain en condition normale d'utilisation n'est pas confirmé."

Néanmoins, pour les chercheurs, "il importe, au-delà du cas particulier du Gaucho, de nous situer dans le contexte plus général du déclin, constant depuis des années, des populations d'insectes". Ils appellent à "une utilisation beaucoup plus économe" des pesticides.

Gaëlle Dupont

Article paru dans l'édition du 30.08.06  

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