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 Crée le 01/03/04

Le retrait des semences traitées au Régent aurait coûté 300 millions d'euros au gouvernement

LE MONDE | du 29.02.04

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Le ministère de l'agriculture, occupé jeudi 26 février par la Confédération paysanne, a choisi, au contraire, d'autoriser l'écoulement des stocks contenant cet insecticide accusé de tuer les abeilles

Plusieurs organisations ont réagi, vendredi 27 février, aux documents que la Confédération paysanne a diffusés à la presse, la veille, alors que le syndicat occupait le bureau du directeur général de l'alimentation. Ces notes ou lettres ont été trouvées sur place par les manifestants, qui demandaient l'interdiction immédiate du fipronil, la molécule active d'insecticides comme le Régent, soupçonnée de tuer les abeilles. Etaient notamment évoquées des études avançant un risque pour l'homme.

La Mutualité sociale agricole (MSA) tient ainsi à préciser qu'elle n'a vu remonter depuis 1997 que 12 signalements d'intoxication au fipronil, dont trois seulement considérés comme "vraisemblables" : deux diarrhées et une irritation cutanée. "Il s'agissait de fipronil associé à d'autres modes d'exposition dans la manipulation des semences traitées", explique le docteur JeanPierre Grillet, médecin conseiller technique national de la MSA.

Concernant la nocivité de cette molécule, le docteur Grillet estime qu'"on ne peut pas tirer de conclusions formelles, pour le fipronil comme pour les autres molécules". "Sur les effets à court et moyen terme, on peut être rassuré. Sur les effets à long terme, il faut attendre dix, vingt ou trente ans pour obtenir des études épidémiologiques. Et encore sera-t-il difficile d'isoler une molécule comme responsable", estime le médecin, qui annonce pour la fin de l'année une étude épidémiologique "produit phytosanitaire et cancer", réalisée auprès de 80 000 agriculteurs.

 

ENQUÊTE SUR LES DISPARITIONS

Par ailleurs, le ministère de l'agriculture affirmait ironiquement, vendredi dans un communiqué, que le travail mené par le centre antipoison Fernand-Widal de Paris "est tellement secret qu'il est en ligne sur le site Internet de la société de toxicologie publique depuis novembre 2003"(www.stc-congres.org). L'étude relève 182 cas humains notifiés d'intoxication au fipronil, bénins pour la plupart. "Les autres documents invoqués sont des notes administratives à caractère purement préparatoire", affirme le ministère, qui estime que "la Confédération paysanne tente aujourd'hui de développer artificiellement une polémique en invoquant des documents prétendument secrets". La police judiciaire parisienne a été saisie d'une enquête portant notamment sur ces disparitions.

Le ministère a cependant publié, vendredi 27 février, au Journal officiel un décret précisant dans quelles conditions pourront être écoulés les stocks de semences traitées au Régent, conformément à l'annonce faite, le 23 février, par Hervé Gaymard, le ministre de l'agriculture. Semenciers et agriculteurs ont jusqu'au 31 mai pour écouler leurs stocks. Dans son édition du 1er mars, Agra presse hebdo chiffre à 300 millions d'euros, d'après les estimations de professionnels, ce qu'aurait coûté au ministère l'indemnisation pour le retrait immédiat des stocks chez les agriculteurs ou les distributeurs.

Vendredi, l'Union nationale de l'apiculture française (UNAF) s'est inquiétée que le fipronil puisse encore être utilisé cette année. Dans plusieurs départements, les apiculteurs ont déposé des plaintes contre des distributeurs de semences ou des coopératives qui commercialisent des préparations avec cette molécule. C'est le cas en Vendée et en Haute-Garonne. Le Gers, le Tarn, l'Ariège, le Loiret s'apprêtent à faire de même.

Jean-Marie Sirvins, président de l'UNAF, a demandé aux agriculteurs de ne pas utiliser de semences traitées au Régent, faisant valoir l'incertitude juridique qui pèse sur leurs utilisateurs. Les apiculteurs rappellent l'instruction judiciaire actuellement en cours à Saint-Gaudens (Haute-Garonne) et la mise en examen qui pèse sur le propriétaire du Régent, BASF. Ce produit "ne justifie aujourd'hui d'aucune autorisation administrative lui permettant d'être utilisé de quelque manière que ce soit sur le territoire national", a insisté Me Bernard Fau, l'avocat de l'UNAF.

BASF a confirmé, jeudi 26 février, qu'il pourrait contribuer au financement d'une étude prouvant que son principal insecticide est sans danger pour les abeilles. Les syndicats CFDT, CFE-CGC, CFTC et FO de la société Bayer CropScience, qui fabrique l'insecticide Gaucho, également soupçonné de malmener les ruchers, ont, de leur côté, dénoncé vendredi les "mauvaises pratiques apicoles provoquant une surmortalité des abeilles", qui font "payer à d'autres leurs propres erreurs". La Fédération nationale des organisations sanitaires apicoles départementales (Fnosad) s'est déclarée indignée de telles affirmations.

Benoît Hopquin

 

•SOURCE: http://www.lemonde.fr/

 

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