"U PARIS (AFP) - Le frelon
asiatique semble avoir réussi à s'acclimater
en France, au grand dam des apiculteurs, car cette grande
guêpe carnassière constitue un redoutable
prédateur pour les abeilles.
Observé pour la première
fois en novembre 2005 dans le Lot-et-Garonne, Vespa velutina
aurait déjà colonisé la plus grande
partie de l'Aquitaine.
Son extension sur le territoire
français est "fulgurante", souligne Jean Haxaire,
l'entomologiste amateur qui, le premier, a identifié
le nouvel arrivant. L'un de ses correspondants a ainsi
repéré depuis sa voiture 85 nids sur la
soixantaine de kilomètres séparant Marmande de
Podensac.
L'insecte aurait débarqué
en France caché dans un chargement de poteries
chinoises fin 2004. Moins de trois ans plus tard, son
éradication semble d'ores et déjà
impossible. "Le frelon asiatique est déjà dans
les Landes, la plus grande forêt d'Europe", où
il construit ses nids sphériques à très
grande hauteur dans les pins, hors de portée des
regards, relève M. Haxaire.
La sous-espèce arrivée en
France, "nigrithorax", vit naturellement en Chine, au
Bhoutan, dans le nord de l'Inde, des zones avec un hiver
marqué et un climat pas très différent
de celui du sud de la France, relève Claire
Villemant, spécialiste des hyménoptères
au Muséum national d'histoire naturelle.
"Vu le nombre de nids
répertoriés cet hiver, l'espèce non
seulement s'est très bien acclimatée, mais
s'est aussi terriblement multipliée"... La faute
à un taux de reproduction élevé et
à l'absence de prédateurs.
Long de 20 à 25 millimètres
pour les ouvrières, jusqu'à 30 mm pour les
reines, Vespa velutina est un peu plus petit que son cousin
Vespa crabo, jusqu'à présent seule
espèce de frelon représentée en Europe
de l'Ouest.
Les reines frelons sont impressionnantes,
d'autant qu'elles volent en faisant beaucoup de bruit. Pour
autant, l'animal est assez timide.
"Le frelon fuit l'homme. Quand vous
faites un pique-nique, jamais un frelon ne va venir tourner
autour de vous", relève Mme Villemant, soucieuse de
prévenir l'apparition en France d'une psychose
comparable à celle qui avait saisi les Etats-Unis
après l'arrivée des "abeilles tueuses"
africaines.
"Quant à la légende selon
laquelle trois piqûres de frelon seraient mortelles,
c'est totalement faux". Les dangers, notamment de chocs
allergiques, sont exactement les mêmes que pour les
abeilles et les guêpes, selon elle.
Les problèmes
présentés par Vespa
velutina "ne sont pas des
problèmes de santé publique", renchérit
M. Haxaire, qui mentionne seulement une certaine
nervosité de l'insecte dès qu'on se rapproche
à moins de quatre mètres du nid.
Les dangers présentés par
le nouveau venu sont surtout d'ordre écologique - il
existe un risque sérieux qu'il vienne supplanter
l'espèce autochtone - et économique - pour les
dégâts qu'il pourrait causer aux
ruchers.
Le frelon d'Europe s'attaque
occasionnellement aux abeilles, mais se nourrit surtout de
chenilles et d'autres insectes nuisibles. Son cousin d'Asie,
lui, préfère consommer des insectes sociaux,
abeilles notamment.
M. Haxaire
a observé Vespa velutina aux aguets devant des
ruchers, avant de fondre sur une ouvrière et la
dévorer. Difficile à chiffrer les
dégâts, "mais il y en a toujours un ou deux en
permanence à faire le guet", selon M. Haxaire. En
Asie, il parviendrait à entrer dans les ruches pour
dévorer le couvain ce qui, en France, pousserait
à la ruine nombre d'apiculteurs, déjà
secoués par la surmortalité de leur cheptel
due aux insecticides.
Pour M. Haxaire, l'épreuve de
vérité arrivera l'an prochain. Le frelon
d'Asie pourrait alors être présent "dans la
moitié de la France".
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